III. La lettre, l’être et l’autre.

521
1. Ce qui pense ainsi …
Quelque chose pense à ma place. Non pas en se substituant à moi, mais au lieu qui est le mien. La nuance est essentielle, car c’est ce qui permet de parler de sujet de l’inconscient sans tomber dans l’idée qu’il y aurait deux subjectivités différentes qui s’affronteraient. En effet, la première idée qui nous vient est bien sûr de dédoubler cette instance pensante en posant le moi et quelque chose d’autre – un autre moi par exemple – dans l’ombre, derrière ce moi.
Parler de manichéisme, c’est évidemment faire allusion à la division en deux, mais cela va plus loin : nous aurions le bien d’un côté et le mal de l’autre. Il ne s’agit en aucun cas d’aller dans ce sens. Quand Freud dit : « Wo Es war soll Ich werden », il ne laisse entendre à aucun moment que le Ich serait le bien et le Es le mal. Cette opposition n’a simplement pas sa place ici.

Note 24
De là à penser qu’il y aurait un bon moi et un mauvais moi… L’interlocuteur de Lacan commet donc deux erreurs : Il pose d’abord deux « moi » là où il ne peut y en avoir qu’un seul; il inscrit ensuite la dynamique analytique dans une forme de lutte entre le bien et le mal.

2. Aucune confusion n’est possible …
Ce paragraphe est purement négatif : ce n’est pas ça. En aucune manière nous ne pouvons parler de personnalité seconde, de dédoublement de la personnalité. S’il y a effectivement division, ce n’est pas ainsi qu’il faut la penser. D’abord, nous voyons qu’on ne peut identifier le moi au sujet analytique. Le « ça parle » nous renvoie au sujet d’un discours autre dont le moi ne peut avoir la maîtrise, qu’il n’est pas en état d’articuler. Pourtant, le moi s’y trouve impliqué, embarqué. Il en est affecté, déterminé. Là où je devrais être, là où se trouve ma place, cela parle et en quelque sorte indépendamment du pouvoir que je crois avoir sur ma propre parole. Lacan ne nous dit ici ni ce qu’il en est effectivement ni pourquoi il en est ainsi. L’allusion à la double personnalité vise ici un certain courant qui tente d’articuler l’inconscient freudien sur les différents états de conscience que définit par exemple l’hypnose. Et Lacan de souligner que jamais la psychanalyse au temps de Freud n’a dérivé dans cette direction, en dépit de toutes les métaphores, de toutes les négligences de langage.

Note 25
Freud a donc toujours été clair sur le fond, même si sur la forme, dans l’expression, certains doutes sont possibles. C’est que le caractère discriminant de cette prise de position n’apparaissait pas aussi clairement au temps de Freud. On pouvait s’exprimer « comme si ». A l’époque de Lacan, en revanche, ce qui n’était qu’une façon de parler dans le cercle freudien était devenu la référence, une référence fallacieuse, pour nombre d’analystes.

3. La fin que propose à l’homme …
Wo es war, soll Ich werden.
C’est la formule la plus mystérieuse de la psychanalyse. Plus on la prend à la lettre, plus elle se révèle équivoque. Plus on creuse, plus elle nous échappe.
Avant d’examiner la formule elle-même, que nous n’épuiserons pas ici, notons que pour Lacan elle exprime la fin proposée à l’homme. S’il y a une vision de ce que peut être un homme, aux yeux de Freud, elle est donnée ici. S’il y a un sens à la vie humaine, il est là.
Examinons cette formule, sans a priori, telle qu’elle nous est donnée.
b. Pour comprendre ce que Lacan nous en dit, il faut d’abord prendre acte du temps du verbe : war se traduit en français aussi bien par un imparfait que par un passé simple. Cela veut dire que nous pouvons considérer ce « war » sous deux aspects : l’inachevé de l’imparfait, l’action en cours dans le passé ou le révolu du passé simple : cela fut et n’est plus. Ici, Lacan opte pour l’inachevé ou le « sur le point de s’achever ». La phrase pose un lieu unique « wo », qu’on traduira par « là où » et l’occupation révolue de ce lieu par un « es », lequel n’est pas du tout forcément « personnel », car dans l’expression « es war » le « es » équivaut probablement au « il » de « il pleuvait ». En tout cas, Freud n’a pas écrit : « Wo das Es war, soll das Ich werden ». Maintenant « ich » n’est pas « das Ich », le moi. Là où c’était en suspens, je dois devenir.
Cela dit, il faut reconnaître que Lacan dans son interprétation tire la formule de Freud au-delà de ce que Freud lui-même a pu en dire.
A toutes fins utiles, voici la fin de la 31e (nouvelle) conférence d’introduction à la psychanalyse :
« Et maintenant, pour conclure ces développements assurément fatigants et qui ne sont peut être pas éclairants, encore une recommandation. Vous ne songerez pas, dans cette séparation de la personnalité en moi, surmoi et ça, à des frontières nettes, telles qu’elles ont été artificiellement tracées en géographie politique. Nous ne pouvons pas rendre justice à la spécificité du psychique par des contours linéaires comme dans le dessin ou dans la peinture primitive, mais plutôt par des champs de couleur qui s’estompent comme chez les peintres modernes. Après avoir séparé, il nous faut à nouveau laisser se fondre ensemble ce que nous avons séparé. Ne jugez pas trop durement un premier essai pour rendre sensible le psychique, si difficilement saisissable. Il est très vraisemblable que la forme prise par ces séparations varie grandement selon les personnes, il est possible qu’elles se trouvent elles-mêmes modifiées dans leur fonctionnement et qu’elles soient temporairement remodelées. Ceci semble s’appliquer en particulier à la différenciation qui intervient phylogénétiquement en dernier et qui est la plus épineuse : celle du moi et du surmoi. Il est indubitable qu’une maladie psychique provoquera le même résultat. On peut aussi se représenter sans peine que certaines pratiques mystiques sont capables de renverser les relations normales entre les différentes circonscriptions psychiques, de sorte que, par exemple, la perception peut saisir, dans le moi profond et dans le ça des rapports qui lui éaient autrement inaccessibles. Pourra-t-on par cette voie se rendre maître des dernières vérités dont on attend le salut ?
On peut tranquillement en douter. Nous admettrons toutefois que les efforts thérapeutiques de la psychanalyse se sont choisi un point d’attaque similaire. Leur intention est en effet de fortifier le moi, de le rendre plus indépendant du surmoi, d’élargir son champ de perception et de consolider son organisation de sorte qu’il puisse s’approprier de nouveaux morceaux du ça. Là où était du ça, doit advenir du moi.
Il s’agit d’un travail de civilisation, un peu comme l’assèchement du Zuyderzee ».
(Traduction de Rose-Marie Zeitlin)

4. Cette fin est de réintégration et d’accord …
L’homme doit donc se réintégrer lui-même, se réconcilier.

5. Mais si l’on méconnaît …
Mais !
L’excentricité radicale de soi à lui-même. Ce n’est pas ici simplement une belle formule. Dans un sens, tout est dit ici, à condition qu’on veuille bien le comprendre. On ne dira pas simplement qu’il y a un décalage entre deux entités, mais bien un décalage du sujet par rapport à lui-même. Cela s’exprime dans une métaphore spatiale. Il faut partir du « wo » de Freud. Une affaire de lieu. C’est à l’endroit où c’était que JE dois advenir. Toute l’analyse est donc recentrement.

6. Mais il ne suffit pas non plus …
Ne prenons pas nos désirs pour des réalités, ne considérons pas le problème comme résolu en posant le mythe d’une personnalité totale.

522
1. L’hétéronomie radicale …
Entendons-nous sur le sens de « hétéronomie », qui est le contraire de « autonomie » et qui a donc le sens de dépendance. Première remarque : A l’autonomie du sujet philosophique capable de penser en toute liberté et en toute vérité et le monde et lui-même s’oppose l’hétéronomie, qualifiée ici de radicale, du sujet freudien. Tous autant que nous sommes, nous subissons une dépendance essentielle à quelque chose qui nous conditionne, nous détermine.
Quel est le sens de la formulation lacanienne : « la béance d’une hétéronomie » ? Une béance est une large ouverture. Il y a deux type de métaphores pour évoquer un obstacle : le mur ou le fossé. Le fossé, mieux que le mur marque la séparation.
Cette béance ne peut être recouverte. Toute prétention à le faire serait malhonnête, ainsi, bien sûr que tous les moyens utilisés à cet effets.

2. Quel est donc cet autre …
Le terme d’hétéronomie contient la notion de l’autre. C’est littéralement la loi qui vient d’une instance autre.
Il y a donc un autre. J’y suis attaché, non pas affectivement – encore que…- mais comme un chien est attaché à son maître par la laisse qui enserre son cou.
Cette attache est plus forte que ce qui me relie à mon propre moi.
Plus encore, ce lien n’est pas une entrave, mais le fil qui m’agite. Il ne me limite pas, au contraire, puisqu’au contraire il est ce par quoi ma démarche est orientée, déterminée. Cette attache m’agite, donc me perturbe. Un autre. C’est aussi un terme à prendre tel qu’il est donné. Si c’est un autre, ce n’est pas « je ». C’est clairement un autre. Le Je en dépend, puisque c’est lui qui M’agite.

3. Sa présence ne peut …
Ici, un croquis serait nécessaire pour bien visualiser la structure que Lacan met en place.
Reprenons les choses en commençant par la fin.
L’altérité première, c’est celle de l’image de moi-même dans le miroir. Le moi ne peut être exprimé que s’il prend la forme d’un autre, le petit autre, d’un objet qu’il devient possible de décrire. Le moi est donc tout le développement que je puis faire à partir d’une image, parce qu’il faut cette extériorité de l’image pour que le traitement de soi comme objet soit possible. Soi-même comme un autre (qui se complète de l’autre comme soi-même de la relation imaginaire à autrui).
Le degré second de l’altérité nous propulse au-delà de ce processus de rumination de soi par soi. C’est la position d’une instance médiatrice nécessaire. J’insiste sur cet adjectif, parce que cette instance qui vient d’être introduite comme une sorte de parasite monstrueux est en fait une pièce décisive.
En effet, l’autre de la première altérité se définit comme mon semblable. C’est celui que je prétends être. En revanche, l’Autre de l’altérité seconde est vraiment un autre, d’une altérité radicale.
Il est possible ici d’aller plus loin et de poser trois lignes, une réelle, une imaginaire et une symbolique, et nous serons parvenus au coeur du problème.
La ligne réelle est celle de notre dépendance, de notre incapacité de survivre par nous-mêmes au moment où nous venons au monde. Nous dépendons entièrement de ceux qui nous protègent, qui nous nourrissent, qui pourvoient à notre existence.
La ligne imaginaire est celle qui use du réel comme d’un miroir et qui produit le petit autre, à la fois objet et réplique hostile de nous-mêmes.
La ligne symbolique est celle qui s’instaure dès lors que s’impose la médiation du langage. Le langage, nous sommes saisis dedans, indépendamment de toute volonté, c’est le milieu dans lequel nous évoluons en tant qu’humains. Cela veut dire, que l’intersubjectivité, la mise en oeuvre des rapports de dépendance est marquée par le langage.
Au jeu des relations réelles se superpose leur expression symbolique. Cette personne-là qui me nourrit devient symboliquement La Mère, pour moi.
On comprend dès lors que la même personne vivante puisse être tout à la fois mère réelle, mère imaginaire et mère symbolique.
Dès lors, cette seconde altérité que nous avons posée, seconde parce qu’elle est au-delà du moi, doit être tenue pour primordiale, car c’est sous sa dépendance seulement que la première altérité, qu’il faut tenir plutôt comme dérivée, parce qu’ultérieure.
Nous touchons du doigt un élément structural essentiel chez Lacan : Aussitôt que s’établit un rapport imaginaire dual de semblable à semblable, il faut un tiers médiateur qui garantisse sa dimension symbolique.

4. Si j’ai dit que l’inconscient …
Cette formule lacanienne : l’inconscient est le discours de l’Autre, en a déconcerté plus d’un(e). Il devient maintenant possible de la comprendre.
D’abord, l’Autre, ce n’est pas telle personne, ni même la personne, chaque fois différente, à laquelle je m’adresse chaque fois que je parle à quelqu’un. L’Autre est avant tout un « lieu » déterminé par le fait du langage. Il y a l’en-deçà où règne mon imaginaire, le monde que je me construis, l’identité que je me donne, les autres comme je les vois et les juge ; il y a l’au-delà d’où me vient la parole que je ne gouverne pas, que je ne peux soumettre à ma guise comme le peut un écrivain qui fait parler ses personnage. Cet au-delà de l’imaginaire qui est la garantie de la pertinence possible de ma création imaginaire, c’est le symbolique, ce qui me vient de cet ailleurs que j’appelle le lieu de l’Autre. Il faut voir l’Autre comme une catégorie, on peut dire l’Autre (ce qui est parole d’au-delà) comme on dit le Ça.
Il n’est pas surprenant de dire que l’inconscient est un discours, tout ce que nous avons pu dire jusqu’ici l’établit, et le répète à l’envi. Mais c’est un discours qui nous vient de l’au-delà de toute maîtrise imaginaire du discours. Nous ne pouvons qu’en prendre acte et le subir.
Et c’est ici qu’on peut enfin situer le désir. Le désir, je le porte en moi, on peut même dire qu’il me porte. Mais il n’est pas définissable. On ne peut pas dire que ce soit le désir de ceci ou de cela. Il est donc au-delà de ce que je suis en mesure de comprendre et de demander. Lacan le définit très simplement comme le résultat d’une soustraction : ce qui reste du besoin (réel) une fois qu’en a été enlevé ce qui a pu être formulé dans la demande. Un tel ceci ou cela ne serait qu’un os qu’on lance au chien affamé pour le distraire un instant. Sa faim aussitôt calmée recommence.
Le désir dans le champ intersubjectif doit se plier aux contraintes du langage. Par ailleurs, sa satisfaction exige presque toujours un détour par autrui, donc une mise en relation avec autrui sous la forme d’un discours. C’est à travers un discours que mon désir pourra être reconnu, discours qui est appel à la reconnaissance de mon désir, qui est donc désir de reconnaissance. Le désir se divise donc en deux : désir de quelque chose dans la mesure où le désir s’incarne temporairement dans le besoin et désir fondamental d’être désiré par un autrui qui ne soit pas moi-même ou un rejeton imaginaire de moi-même.

5. Autrement dit, cet autre …
Mensonge et vérité.
Pour qu’on puisse mentir, il faut qu’une vérité soit possible et même établie. On peut dire que le mensonge n’est mensonge que par rapport à la vérité. Il ne s’agit pas ici de la Vérité comme un absolu transcendant, mais d’un discours qui dit les choses comme elles sont. Je dirais que cette vérité-là tend vers la notion de sincérité. De même que le mensonge ne peut être mensonge qu’en fonction de la vérité, nous ne pouvons parler de vérité qu’en disant que c’est le non-mensonge.
Ce qui importe, toujours dans la perspective en-deçà / au-delà, c’est que l’expression imaginaire, mensonge ou vérité puisse avoir au-delà d’elle le critère qui permette de dire : mensonge ou vérité. Une chose est sûre, le discours en lui-même, sauf à contrevenir aux règles internes du discours qui sont les règles de la logique formelle, ne peut être déclaré vrai ou faux. L’Autre (catégorie de l’au-delà de l’imaginaire) est donc garant de la vérité. L’autre tient les critères symboliques du vrai et du faux.

6. A quoi s’observe …
Qu’est-ce que le langage, au fond ? Je dirais que c’est ce par quoi la communication avec l’Autre peut s’établir. Ce pourrait être une définition suffisante du langage. On peut dire aussi que le langage le moyen par lequel peut se constituer la catégorie de l’Autre.
L’Autre étant non pas le détenteur (j’essaie toujours de ne pas concevoir l’Autre à travers la personne qui lui donne sa consistance), mais le garant de la vérité, on voit bien que les trois termes : Autre, langage et vérité sont indissociablement liés.

7. Avant ce point …
Avant ce point, donc avant l’apparition du langage, il peut y avoir relation psychologique. Toute interaction entre des êtres vivants interdépendants ne passe pas forcément par le langage, par un langage. La distinction s’opère dans le passage par l’Autre ou l’absence de ce passage.
Avant le langage ou hors du langage, il peut y avoir des sujets, donc une subjectivité et une intersubjectivité.
Mais en quels termes peut-on dans ce cas parler de sujets ? Le psychologue tendra à attribuer une subjectivité à l’animal par analogie à sa propre subjectivité. Il lui attribuera une subjectivité dérivée, une sorte de subjectivité de second ordre. Or si nous voulons évoquer ce sujet, il nous faut partir de l’animal lui-même. On constate que celui-ci est capable de feindre. La feinte est un comportement qui survient en fonction d’un autre. Elle émane d’un sujet et s’adresse à un autre sujet. Il y a effectivement intersubjectivité. Dans ce cas, Lacan parle de leurre en fonction d’un besoin. Examinons de plus près cette notion de leurre et mettons bien en évidence que le leurre n’est pas un mensonge. Le leurre porte sur le réel. Il revient à produire une configuration du réel qui ait l’air d’être ce qu’elle n’est pas. Il n’y a pas de langage là-dedans. Je place un épouvantail dans mon jardin pour tenir les animaux à distance. L’épouvantail n’est pas un signifiant, il est une image. Aucune once de symbolique là-dedans. L’image du chat vise à faire voir un chat dans le réel là où il n’y en a pas. L’image est donnée pour ce qu’elle a l’air d’être. Les registres en jeu sont le réel et l’imaginaire. L’absence du symbolique ici, doit être comprise comme l’absence de tout au-delà du champ du réel et des représentations à effet de réel, comme absence de toute forme d’Autre au sens où nous avons défini la catégorie de l’Autre.

8. Pour que la question même …
Il faut que le langage soit. Il est ou il n’est pas. Le fait qu’il soit n’ajoute pas simplement un élément nouveau à un certain état de chose. Il détermine le passage du tout à une dimension nouvelle. En gros, tout doit être repris à la lumière de cette dimension.
Mais notre propre démarche de compréhension ne suit pas ce chemin. Elle ne permet pas le passage d’un état de chose donné à ce même état de chose doté d’une dimension nouvelle. Notre propre point de départ est déterminé par le langage. Ce que nous devons faire, si nous voulons comprendre ce qu’apporte la nouvelle dimension du langage, c’est un pas en arrière, et ce pas en arrière est proprement impossible. Si nous l’effectuions, nous cesserions aussitôt de pouvoir en parler, voire d’y penser.
Les deux paragraphes suivants permettent des recoupements
Un usage de l’image sans langage, hors du langage.

9. Car je peux leurrer …
Nous abordons ici la délicate distinction entre leurre et mensonge. En fait, elle saute aux yeux si nous tenons compte du fait que le leurre a pour domaine de réalisation le réel tandis que celui du mensonge est le langage.
Le leurre est une illusion d’ « optique » volontairement provoquée. Les guillemets sont là pour rappeler que si un leurre est très souvent visuel (faire croire qu’il y a un prédateur en posant la silhouette d’un prédateur), il peut être aussi une illusion quant au comportement suivi : la feinte. A noter aussi que dans tous les cas, s’il y a leurre ou feinte, c’est toujours destiné à un autre. La dimension intersubjective est donc toujours centrale.

523
1. Mais dans les propositions …
En revanche, la négociation, qui est une autre manière de se sortir d’une situation difficile impliquant un autre en posture d’adversaire ou de partenaire, se situe sur un tout autre plan.
Et ici, intervient le troisième terme, caractéristique de l’accès à la dimension symbolique. Le passage d’une relation duale à une relation à trois réglée par un tiers médiateur est une des clés de la pensée lacanienne. Il faudrait consacrer un livre entier au passage de deux à trois : quand deux devient trois.
Le terme de lieu est également essentiel, car il signale que le cadre de référence de la réflexion qui se noue ici est la topologie.

2. Ce lieu n’est rien d’autre …
Un lieu n’est qu’un lieu. Il s’agit juste de dire que tout ce qui est posé ici nous impose de considérer un lieu, qui possède le même statut qu’une composante nécessaire à toute phrase pour qu’elle soit une phrase. Ce lieu, nous dit Lacan est celui de la convention signifiante.
Si nous usons du langage, c’est que nous pouvons nous comprendre. Il y a entre deux interlocuteurs un élément médiateur, la convention signifiante : ils parlent la même langue, ils se comprennent..
Et ici, nous devons nous pencher sur ce fameux Witz des deux Juifs. Il y a entre eux une convention signifiante plus ou moins explicite : Quand A dit une chose, c’est le contraire qu’il faut comprendre. Mais ici, la convention est rompue. Dès lors, tout énoncé devient indécidable et l’intercompréhension impossible.

3. Bien entendu mon mouvement de troupes …
Cela dit, le leurre peut être en quelque sorte transposé dans cette nouvelle structure. Ce qui fonctionne comme leurre dans le réel et l’imaginaire peut être interprété au niveau symbolique, en faisant intervenir la notion de règle. Mais il s’agit bien d’une transposition. Le leurre n’a pas besoin de convention signifiante pour remplir sa fonction illusionnante.
Cette transposition fait apparaître une nouvelle clé d’interprétation : la rupture d’une convention signifiante, en d’autres terme la tricherie, la traîtrise. Ma tromperie prend un sens, mais au regard d’une règle et toute référence à la règle est une référence à un au-delà du jeu, donc à l’Autre, garant des règles.

4. Ici les problèmes sont …
Ici, nous revenons à la notion d’hétéronomie, pour souligner à quel point la psychanalyse d’aujourd’hui se méprend à ce propos.
La distinction de l’en-deçà et de l’au-delà nous aidera à voir de quoi il s’agit. Très en gros, cette dimension de l’au-delà, qui justifie pleinement le terme d’hétéronomie n’est pas pris en compte par la psychanalyse post-freudienne. Tout a lieu dans l’en-deçà. D’abord le point de référence qui est dans l’Autre chez Lacan est ramené dans le sujet lui-même, puisque c’est ce dernier qui « produit » ce « sentiment de l’autrui » qui le mettra en relation avec … la personne de son analyste. La question se joue alors entre le moi du patient et le moi de l’analyste.

5. Quelle porte en effet …
De quel autre parlons-nous ?

6. Le jeune André Gide …
Ce fut un couple de tourterelles. Après tout, fut-ce bien lui qui me les offrit, ou simplement les toléra-t-il ?
Mon ingrate mémoire abandonne ce point… On suspendit leur cage d’osier dans une volière aux grillages à demi crevés qui faisait pendant à l’orangerie, et où vivaient deux ou trois poules, piailleuses, coléreuses, stupides, qui ne m’intéressaient pas du tout.
Les premiers jours je fus enthousiasmé par le roucoulement de mes tourterelles ; je n’avais rien encore entendu de plus suave ; elles roucoulaient comme des sources, sans arrêt tout le long du jour ; de délicieux, ce bruit devint exaspérant. Miss Elvin, l’une des deux pensionnaires anglaises, à qui le roucoulis tapait particulièrement sur les nerfs, me persuada de leur donner un nid. Ce que je n’eus pas plus tôt fait, que la femelle se mit à pondre, et que les roucoulements s’espacèrent.
Elle pondit deux œufs ; c’est leur coutume ; mais comme je ne savais pas combien de temps elle les devait couver, j’entrais à tout moment dans le poulailler ; là, juché sur un vieil escabeau, je pouvais dominer le nid ; mais, ne voulant pas déranger la couveuse, j’attendais interminablement qu’elle voulût bien se soulever pour me laisser voir que les œufs n’étaient pas éclos.
Puis, un matin, dès avant d’entrer, je distinguai, sur le plancher de la cage, à hauteur de mon nez, des débris de coquilles à l’intérieur légèrement sanguinolent. Enfin ! Mais quand je voulus pénétrer dans la volière pour contempler les nouveau-nés, je m’aperçus à ma profonde stupeur que la porte en était fermée. Un petit cadenas la maintenait, que je reconnus pour celui que M. Richard avait été acheter avec moi l’avant-veille à un bazar du quartier.
« Ça vaut quelque chose ? avait-il demandé au marchand.
– Monsieur c’est aussi bon qu’un grand », lui avait-il été répondu.
M. Richard et Mme Bertrand, exaspérés de me voir passer tant de temps auprès de mes oiseaux, avaient résolu d’y apporter obstacle ; ils m’annoncèrent au déjeuner qu’à partir de ce jour le cadenas resterait mis, dont Mme Bertrand garderait la clef, et qu’elle ne me prêterait cette clef qu’une fois par jour, à quatre heures, à la récréation du goûter. Mme Bertrand arrivait à la rescousse chaque fois qu’il y avait lieu de prendre une initiative ou d’exercer une sanction. Elle parlait alors avec calme, douceur même, mais grande fermeté. En m’annonçant cette décision terrible, elle souriait presque. Je me gardai de protester ; mais c’est que j’avais mon idée : ces petits cadenas à bon marché ont tous des clefs semblables ; j’avais pu le constater l’autre jour tandis que M. Richard en choisissait un. Avec les quelques sous que j’entendais tinter dans ma poche… Sitôt après le déjeuner, m’échappant, je courus au bazar.
Je proteste qu’il n’y avait place en mon cœur pour aucun sentiment de révolte. Jamais, alors ou plus tard, je n’ai pris plaisir à frauder. Je prétendais jouer avec Mme Bertrand, non la jouer. Comment l’amusement que je me promettais de cette gaminerie put-il m’aveugler à ce point sur le caractère qu’elle risquait de prendre à ses yeux ? J’avais pour elle de l’affection, du respect, et même, je l’ai dit, j’étais particulièrement soucieux de son estime ; le peu d’humeur que peut-être je ressentais venait plutôt de ce qu’elle eût eu recours à cet empêchement matériel, alors qu’il eût suffi de faire appel à mon obéissance ; c’est aussi ce que je me proposais de lui faire sentir ; car, à bien considérer les choses, elle ne m’avait pas précisément défendu d’entrer dans la volière ; simplement elle y mettait obstacle, comme si… Eh bien, nous allions lui montrer ce que valait son cadenas. Naturellement, pour entrer dans la cage, je ne me cacherais point d’elle ; si elle ne me voyait pas, ce ne serait plus amusant du tout ; j’attendrais pour ouvrir la porte qu’elle fût au salon, dont les fenêtres faisaient face à la volière (déjà je riais de sa surprise) et ensuite je lui tendrais la double clef en l’assurant de mon bon vouloir.
C’est tout cela que je ruminais en revenant du bazar ; et qu’on ne cherche point de logique dans l’exposé de mes raisons ; je les présente en vrac, comme elles m’étaient venues et sans les ordonner davantage.
En entrant dans le poulailler, j’avais moins d’yeux pour mes tourterelles que pour Mme Bertrand ; je la savais dans le salon, dont je surveillais les fenêtres ; mais rien n’y paraissait ; on eût dit que c’était elle qui se cachait. Comme c’était manqué ! Je ne pouvais tout de même pas l’appeler. J’attendais ; j’attendais et il fallut bien à la fin se résigner à sortir. À peine si j’avais regardé la couvée. Sans enlever ma clef du cadenas, je retournai dans l’orangerie où m’attendait une version de Quinte-Curce et restai devant mon travail, vaguement inquiet et me demandant ce que j’aurais à faire, quand sonnerait l’heure du goûter.
Le petit Blaise vint me chercher quelques minutes avant quatre heures : sa tante désirait me parler. Mme Bertrand m’attendait dans le salon. Elle se leva quand j’entrai, évidemment pour m’impressionner davantage ; me laissa faire quelques pas vers elle, puis :
« Je vois que je me suis trompée sur votre compte : j’espérais que j’avais affaire à un honnête garçon… Vous avez cru que je ne vous voyais pas tout à l’heure.
– Mais…
– Vous regardiez vers la maison dans la crainte que…
– Mais précisément c’est…
– Non, je ne vous laisserai pas dire un mot. Ce que vous avez fait est très mal. D’où avez-vous eu cette clef ?
– Je…
– Je vous défends de répondre. Savez-vous où l’on met les gens qui forcent les serrures ? En prison. Je ne raconterai pas votre tromperie à votre mère, parce qu’elle en aurait trop de chagrin ; si vous aviez un peu plus songé à elle, jamais vous n’auriez osé faire cela. »
Je me rendais compte, à mesure qu’elle parlait, qu’il me serait à tout jamais impossible d’éclairer pour elle les mobiles secrets de ma conduite ; et, à dire vrai, ces mobiles, je ne les distinguais plus bien moi-même ; à présent que l’excitation était retombée, mon espièglerie m’apparaissait sous un jour autre et je n’y voyais plus que sottise. Au demeurant, cette impuissance à me justifier avait amené tout aussitôt une sorte de résignation dédaigneuse qui me permit d’essuyer sans rougir le sermon de Mme Bertrand. Je crois qu’après m’avoir défendu de parler, elle s’irritait à présent de mon silence, qui la forçait de continuer après qu’elle n’avait plus rien à dire. À défaut de voix, je chargeais mes yeux d’éloquence :
« Je n’y tiens plus du tout, à votre estime, lui disaient-ils ; dès l’instant que vous me jugez mal, je cesse de vous considérer. »
Et pour exagérer mon dédain, je m’abstins, quinze jours durant, d’aller visiter mes oiseaux. Le résultat fut excellent pour le travail.

524
1. Peut-être cet empire …
L’exemple de Gide, cette communication qui déraille et qui devient irrécupérable, nous montre l’ampleur du constant malentendu qui est le nôtre.
C’est à cela que nous avons affaire. Mais quelle est alors l’ambition de l’analyse ?
Est-ce vraiment d’y remettre de l’ordre ? Est-ce de trouver la solution du problème ?
Non pas, parce que le problème restera sans solution. L’ambition de l’analyse ne peut aller plus loin que de déterminer les conditions dans lesquelles le problème peut être correctement posé.

2. Kern unseres Wesen …
Le noyau de notre être. Ce n’est pas parce que la notion en est ici posée que cela nous est accessible. Au contraire, il y a là une valeur limite qui ne sera jamais atteinte. C’est « quelque chose » qui est là, « quelque chose » autour de quoi l’on peut tourner mais qui demeurera toujours hors de portée. Toute pratique qui prétendrait y parvenir serait illusoire.

3. Ou plutôt cela …
Mais alors vers quoi l’analyse tend-elle ? Elle ne vise pas un « quelque chose » que l’on pourrait connaître. En d’autres termes, elle ne vise pas à expliquer au sujet la raison de son mal de vivre. Elle vise à atteindre la signifiance de mes symptômes, de mes dérapages, de mes croyances à propos de ce que je suis. En d’autres termes, puisque le mot sera donné au paragraphe suivant, elle vise à entendre ma folie.

4. Folie, vous n’être plus …
C’est donc un autre regard sur ce qu’on appelle la folie.
Ici, sur le carrefour que représente le mot « folie » propulsé dans le texte, le discours se poursuit simultanément sur deux routes. Il faut bien saisir ce changement dans le cours de la pensée.
Le mot folie se répartit sur deux voies métonymiques.
La première est celle du discours sur l’analyse : du dérangement dans le fonctionnement idéal de la psyché à la folie.
La seconde qui s’amorce ici est celle de la philosophie, avec l’éloge de la folie et l’apparition de la figure d’Erasme de Rotterdam.
C’est bien d’un nouveau discours sur la folie qu’il s’agit avec la psychanalyse, dans son rapport avec cet idéal de santé mentale qui est pour les uns pure et simple normalité et pour les autres une simple fiction, puisque nous serions tous plus ou moins fous.
Le philosophe a toujours été fasciné par la folie, suprême menace pour la raison, un peu comme tout vivant est fasciné par la mort. Mais, nous dit Lacan, c’est toujours au nom de la raison, du Logos que s’opère ce flirt avec la follie.

5 Aussi bien comment concevrez-vous …
Erasme est célèbre pour son Eloge de la folie. Mais Lacan nous rappelle quelque chose d’essentiel. Erasme, qui n’a jamais adhéré à la Réforme, qui est tout le contraire d’un « engagé », fut néanmoins le créateur de conditions qui ont permis à la Réforme de se cristalliser et de prendre corps.

6. C’est qu’à toucher si peu …
Erasme a « touché à la relation de l’homme au signifiant ». Il n’a pas été le promoteur d’une connaissance nouvelle, il a été celui qui à tranformé le rapport du fidèle au texte sacré. Il a ouvert une perspective nouvelle dans le monde déjà connu et les fondements mêmes de ce monde en ont été affectés.
Modifier le rapport du sujet au signifiant, c’est en effet modifier les amarres de son être.

7. C’est par là que le freudisme …
Freud est donc un « Erasme », il a modifié le rapport du sujet aux propres manifestations de son être-là.
Il montre que le plus intime de notre propre vie s’articule sur une totalité qui contient tout ce qui nous entoure et nous construit.

Note 26
François Mauriac explique pourquoi il refuse de raconter sa vie. C’est du fait de Freud, dit-il. Dans un premier mouvement, nous dit Lacan, Mauriac aurait vu en Freud quelqu’un qui montrerait que les élans de notre âme ne seraient que de basses revendications corporelles. Mais il aurait revu sa position et perçu plus subtilement que raconter sa vie, c’est mettre en lumière « l’aveu le plus profond de l’âme de tous nos proches ».

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1. Est-ce là autre chose …
L’oeuvre freudienne a une dimension révolutionnaire qui la rend difficile à encaisser.
Le problème, c’est que les analyste après lui n’ont pas réussi à opérer pour eux-mêmes ce changement de rapport au signifiant.

2. Aussi bien la vulgarité des concepts …
Ici la métaphore est emprunté à la couture. Faufiler, en effet consiste à assembler à l’aide de grands points provisoires de fil blanc (cousu de fil blanc) des pièces de tissus pour les faire tenir ensemble.

3. Freud par sa découverte …
La portée de cette découverte est ici évoquée en des termes si ramassés qu’il nous faut un peu développer.
D’abord une figuration spatiale : un cercle délimitant le champ de la science et une frontière séparant l’objet et l’être. Avant Freud, cette frontière était extérieure à la science ; avec lui, elle s’y trouve intégrée, elle peut donc être comprise.
Mais une petite remarque relance notre réflexion : cette frontière entre l’objet et l’être marquait aussi la limite de la science.

4. Que ceci soit le symptôme …
Et nous voilà à user d’un vocabulaire qui nous renvoie inévitablement à Heidegger.
La question ici est de savoir si tout ce que nous dit Lacan ne peut prendre sens que dans la pensée heideggerienne ou si c’est un peu plus compliqué que cela.
Pour Lacan, il semble indéniable que la route ouverte par Freud passe d’une manière ou d’une autre par les terres heideggeriennes.

5. Quand je parle de Heidegger …
Il ne s’agit donc pas de « faire » du Heidegger. La parole de Heidegger reste souveraine et si l’on décèle des concordances, des recouvrements, c’est une rencontre de hasard.

6. Si je parle de la lettre et de l’être …
Si donc Lacan fait usage d’un vocabulaire heideggerien, c’est de Freud que cela vient. Deux exemples ici : la distinction entre la lettre et l’être et la distinction entre l’autre et l’Autre.

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1. C’est pour empêcher que …
Dire que le symptôme est une métaphore et le désir une métonymie, ce n’est pas simplement une manière de parler, c’est dire exactement ce qu’il en est.
Le symptôme est donc l’expression d’un processus de signifiance et le désir la construction fondée sur le vide d’un signifiant.

2. Aussi bien pour que je vous invite …
Quelque chose aurait dû se produire qui n’a pas eu lieu. Il est légitime de s’en indigner.
La question a été pourtant tournée dans tous les sens (hypocrisie religieuse et esbroufe philosophique), mais il a fallu attendre Freud pour que la clé soit trouvée.
C’est donner à Freud une place décisive dans la manière dont nous pouvons définir notre rapport au monde.Mais ce détour obligé par la pensée freudienne reste à faire.On en a fait délibérément l’économie.
Ce quelque chose, c’est que la question de l’être a à voir avec la métaphore et celle du manque de l’être à la métonymie.
Cela nous emmène très loin, sur le terrain de l’ontologie.
La métaphore dit l’être tandis que la métonymie exprime le manque.
Métaphore et métonymie d’un côté ; l’être et le manque à être de l’autre.Nous pouvons décliner tout ce que nous avons trouvé dans ce texte : signifiant et signifié, métonymie et métaphore, désir et symptôme, manque à être et être.

Il y a donc de quoi s’indigner. Mais à quel titre, et contre qui ?
La première question : à quel titre?, n’est pas traitée ici. Reste la seconde : qui est responsable de cette situation ? Responsable et victime tout à la fois, puisque ce responsable s’est infligé à lui-même cet état de choses.
Il s’agit de l’homme de l’humanisme.Alors, quelle est sa faute ?
Dans un jargon juridique qu’il nous faut déchiffrer, Lacan nous dit que cet homme de l’humanisme a contracté une dette qu’il ne pouvait ou ne peut rembourser. En d’autres termes, ses bonnes intentions n’ont jamais abouti aux réalisations escomptées.
Le « tirage » est l’acte par lequel, en droit cambiaire, le créancier, dit « le tireur » ou encore « le bénéficiaire », créé une lettre de change ou un billet à ordre que le débiteur des sommes dues dit « le tiré » devra régler une l’échéance déterminée.
Le « protêt » : Acte par lequel, faute d’acceptation ou de payement d’une lettre de change, d’un billet à ordre ou de tout autre effet de commerce, on déclare que celui qui devait payer sera responsable de tous frais et préjudices.

FIN