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2. C’est ainsi que certains …
Nous avons donc là quelque chose d’insistant, d’incontournable, dont nous ne savons que faire.
Paradoxe de cette phase phallique qui s’impose comme un fait incongru, inadéquat.
Et nous revenons à l’inventaire des théories proposées pour surmonter cette difficulté.
b) Selon « certains auteurs » la phase phallique pourrait être l’effet, le résultat, la scorie d’un refoulement.
Essayons d’aborder les choses sous cet angle pour voir où cela peut nous mener.
D’abord, pour Freud, la phase phallique est la première maturation génitale, le dépassement d’un état antérieur. L’idée qui nous vient alors est que le sujet se trouve soudain confronté au caractère sexuel de l’affaire, mais qu’il ne peut pas en assumer l’enjeu oedipien. C’est cela qui serait refoulé. Rien de conquérant dans la phase phallique, bien au contraire. C’est plutôt : Tous aux abris.
Ce refoulement, on le décèle à partir de ses symptômes. Or, ce qui est symptomatique, ce n’est pas le phallus en lui-même, mais la fonction qu’il exerce.
Examinons les choses dans cette perspective.
a) Le phallus peut avoir la fonction de faire peur et dans ce cas on parle de phobie;
b) Ce peut être quelque chose qu’on prend à tort pour le nec plus ultra de ce qu’on cherche, et c’est alors le fétichisme.
Phobie ? Fétichisme ? Les deux en même temps ?
Pourquoi pas ? Il y a pourtant un problème : la phobie et le fétichisme renvoient à des points tout à fait différents dans la structure.
Ici apparaît de manière tout à fait pertinente la notion de structure.
Cette difficulté met en lumière l’erreur de perspective sous-jacente à ce débat.
On ne parle plus de structure mais de relation d’objet, ce qui, selon Lacan, brouille la réflexion sur le phallus phobique ou pervers. Alors, en termes de relation d’objet, c’est tout naturellement à la notion d’objet partiel qu’on aboutit. Le phallus en tant qu’objet partiel.
Ici, Lacan ne fait que poser le décor. La pièce commencera plus tard.
3. Il reste que la discussion …
La phase phallique a fait débat dans les années 1928 – 1932. Si insatisfaisant soit-il quant à ses résultats, ce débat se signale par sa qualité. Nous n’en étions alors pas encore au stade de délabrement que la psychanalyse a connu depuis son adaptation à la sauce des USA.
4. A seulement en résumer le débat …
Ce débat ne se laisse pas résumer tant les positions prises se signalent par leur originalité et, surtout, divergent. On retiendra trois noms saillants : Hélène Deutsch, Karen Horney, Ernest Jones. Deux femmes pour un homme, soit dit en passant.
5. La succession des trois articles …
Jones a consacré trois articles à la question.
Il perçoit le rapport qu’il y a entre la castration et le désir, ce qui, selon Lacan, constitue une visée première tout à fait pertinente.
Il propose le concept inédit d’aphanisis, qui suggère une disparition du désir par effacement, une sorte d’évanouissement.
Pourtant, il reste aveugle sur l’essentiel. Il y a un terme qui est bien là et qu’il ne prend pas en compte : le phallus. Pourquoi le phallus ?
166.
1. On s’y amusera surtout …
Pour une fois, le paragraphe est parfaitement clair. Tout en restant parfaitement freudien dans le vocabulaire, Jones parvient à développer une position qui se situe aux antipodes de la pensée freudienne.
2. Le poisson ne se laisse pas noyer …
Il faudrait avoir lu l’article de Jones – ce que je n’ai pas fait – pour être sûr de saisir ce que Lacan nous dit ici.
Notons cependant deux points qui disqualifient Jones aux yeux de Lacan.
Le premier consiste à subordonner l’ensemble du débat à une conception rebattue des droits naturels. Quoi qu’il arrive, pour Jones, il faut bien que la théorie s’y conforme en dernière analyse. Or, cette idée est peut-être celle que Lacan récuse avec la plus grande vigueur. Les données de la psychanalyse ne sont pas et ne peuvent pas être a priori « dans l’ordre des choses ».
Il n’est pas question de « normaliser » la fonction du phallus en gommant les aspérités de la pratique analytique.