Voici un aperçu très bref et donc très incomplet des trois textes qui serviront de support à notre réflexion tout au long de la première étape de notre errance. Ceux qui souhaiteraient en savoir plus sans forcément remonter jusqu’aux textes eux-mêmes trouveront en annexe quelques notes de lectures à l’état brut. Je n’invite personne à lire ces notes mais elles sont jetées là, à la disposition de quiconque pourrait y trouver son compte.

1. La crise de l’Esprit (1919)
Oeuvres de Paul Valéry, tome 1, Editions de la Pléiade, 1957, pp. 988 – 1014
La Première guerre mondiale vient de se terminer. Pour Valéry, elle marque la fin du « miracle européen ». La position dominante de l’Europe à l’échelle mondiale n’est plus tenable et, surtout, elle vient de perdre sa légitimité. A l’issue de ces quatre années de massacres et de destructions, qui pourrait croire encore à la mission civilisatrice de l’Europe ?
Reprendre pied dans un monde complètement bouleversé sera peut-être encore plus difficile que n’a été la conduite de la guerre elle-même.

2. La politique de l’Esprit (1932)
Oeuvres de Paul Valéry, tome 1, Editions de la Pléiade, 1957, pp. 1014 – 1040
Au coeur de la grande crise économique de 1932, Valéry s’interroge sur ce qu’il appelle l’Esprit, à savoir la force de transformation qui caractérise toute action humaine. Il s’agit d’une montée en puissance sans finalité intrinsèque et profondément ambivalente qui nous pousse toujours plus loin, vers un avenir totalement imprévisible.

3. La liberté de l’Esprit (1939)
Paul Valéry, Regards sur le monde actuel et autres essais, Gallimard, collection Idées, 1975, pp. 211 – 237
Il est difficile, voire paradoxal, pour quelqu’un qui a pris acte de la crise générale des valeurs européennes de s’inquiéter de leur disparition pure et simple. Mais ce qui est en cause, à la veille d’une nouvelle conflagration mondiale, ce n’est rien moins que la liberté, donc la capacité, de penser. Toute menace sur la culture est une menace sur la pensée même. Mais quelle culture ?